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- Jeanne
- 01Chez Jeanne, la Jeanne,
- 02Son auberge est ouverte aux gens sans feu ni lieu,
- 03On pourrait l'appeler l'auberge de Bon Dieu
- 04S'il n'en existait déjà une,
- 05La dernière où l'on peut entrer
- 06Sans frapper, sans montrer patte blanche...
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- 07Chez Jeanne, la Jeanne,
- 08On est n'importe qui, on vient n'importe quand,
- 09Et, comme par miracle, par enchantement,
- 10On fait partie de la famille,
- 11Dans son cœur, en s'poussant un peu,
- 12Reste encore une petite place...
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- 13La Jeanne, la Jeanne,
- 14Elle est pauvre et sa table est souvent mal servie,
- 15Mais le peu qu'on y trouve assouvit pour la vie,
- 16Par la façon qu'elle le donne,
- 17Son pain ressemble à du gâteau
- 18Et son eau à du vin comm' deux gouttes d'eau...
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- 19La Jeanne, la Jeanne,
- 20On la paie quand on peut des prix mirobolants :
- 21Un baiser sur son front ou sur ses cheveux blancs,
- 22Un semblant d'accord de guitare,
- 23L'adresse d'un chat échaudé
- 24Ou d'un chien tout crotté comm' pourboire...
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- 25La Jeanne, la Jeanne,
- 26Dans ses ros's et ses choux n'a pas trouvé d'enfant
- 27Qu'on aime et qu'on défend contre les quatre vents,
- 28Et qu'on accroche à son corsage,
- 29Et qu'on arrose avec son lait...
- 30D'autres qu'elle en seraient tout's chagrines...
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- 31Mais Jeanne, la Jeanne,
- 32Ne s'en soucie pas plus que de colin-tampon
- 33Être mère de trois poulpiquets, à quoi bon ?
- 34Quand elle est mère universelle,
- 35Quand tous les enfants de la terre,
- 36De la mer et du ciel sont à elle...
Georges Brassens
<<(1961 - Les trompettes de la renommée, 2)>>
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