ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Les copains d'abord
Le vingt-deux septembre
Vingt-deux septembre
1er jour de l'automne (voir plus loin "équinoxe funeste") d'où la sensation de perte, de nostalgie du bonheur passé.
[contact auteur : Alex L.] - [compléter cette analyse]
Adieux à la république
Il me semble que c'est aussi un amer adieu à la république, née un 22-23 septembre 1792, apres la victoire de Valmy. Entre tristesse et amertume, Brassens fait un pas en dehors du sanctuaire républicain.
[contact auteur : Paul P.] - [compléter cette analyse]
Poème Brassens
Brassens utilise l'épiphore (répétition) avec le troisième vers de chaque strophe, puis avec le dernier vers de chaque strophe.
On peut degager deux axes de ce poème :
1- le souvenir
2- le temps efface l'amour
Noter l'utilisation des champs lexicaux de la mort et du temps.

[contact auteur : Alban L.] - [compléter cette analyse]
01Un vingt-e-deux septembre au diable vous partîtes,
Partir au diable
Peut vouloir dire qu'il l'a congédiée en lui disant "Va au diable!" ou bien qu'elle l'a quitté sans qu'il se soucie vraiment du pourquoi et du comment de la chose.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Complément
Dans le Midi partir au diable signifie aussi "partir loin..."
[contact auteur : J-claude Germain]
02Et, depuis, chaque année, à la date susdite,
03Je mouillais mon mouchoir en souvenir de vous...
04Or, nous y revoilà, mais je reste de pierre,
Je reste de pierre
Rester de pierre, ou de marbre, c'est ne pas montrer plus d'émotion qu'une statue, voire n'en éprouver aucune.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
05Plus une seule larme à me mettre aux paupières :
06Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
 
07On ne reverra plus, au temps des feuilles mortes,
08Cette âme en peine qui me ressemble et qui porte
09Le deuil de chaque feuille en souvenir de vous...
Cette âme en peine qui me ressemble
Echo, peut-être, de Musset, dans "Le Poète", dont voici la dernière strophe, si l'on admet que porter le deuil, c'est être vêtu de noir :
Partout où j'ai voulu dormir,
Partout où j'ai voulu mourir,
Partout où j'ai touché la terre,
Sur ma route est venu s'asseoir
Un malheureux vêtu de noir,
Qui me ressemblait comme un frère.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
10Que le brave Prévert et ses escargots veuillent
11Bien se passer de moi pour enterrer les feuilles :
Prévert et ses escargots
Le texte de Prévert est par exemple à cette adresse : www.paroles.net/texte/12598/artis/1004
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
12Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
 
13Jadis, ouvrant mes bras comme une paire d'ailes,
14Je montais jusqu'au ciel pour suivre l'hirondelle
15Et me rompais les os en souvenir de vous...
16Le complexe d'Icare à présent m'abandonne,
Icare
Fils de Dédale, l'inventeur du labyrinthe où le Minotaure les retenait prisonniers, en Crète. Ils réussirent à s'en évader grâce aux ailes que le papa avait confectionnées et qui leur permirent de s'envoler, littéralement. Hélas, le jeune Icare, grisé par le plaisir de voler, monta trop haut, tout près du soleil qui fit fondre la cire utilisée pour coller les ailes à ses épaules, tomba dans la Mer Égée et se rompit le cou.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complexe
Linguistiquement, jeu de mots sur le "complexe d'OEdipe", le complexe d'Icare signifiant ainsi le désir de l'amour...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
17L'hirondelle en partant ne fera plus l'automne :
Hirondelle
Retournement du dicton "Une hirondelle [arrivant] ne fait pas le printemps", qui signifie qu'un seul signe ou indice ne constitue pas une preuve. Sémiotiquement, ce renversement se trouve confirmé par le dernier vers "Et c'est triste de ne plus être triste sans vous", qui contredit tout le poème.
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
18Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
 
19Pieusement noué d'un bout de vos dentelles,
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20J'avais, sur ma fenêtre, un bouquet d'immortelles
21Que j'arrosais de pleurs en souvenir de vous...
Gag : arroser les immortelles
Les immortelles sont bien les seules fleurs qui n'ont pas besoin d'être arrosées, puisque ce sont des fleurs séchées utilisées comme décoration.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Immortelles
En complément du gag de plastique, il existe cependant de vraies fleurs (helichrysum stoecha) dont "immortelle" est le nom usuel.
Voir aussi les reprises de la couronne "d'immortelles à Champerret", dans La ballade des cimetières, et le "À pas trop mélanger la rose et l'immortelle", dans Sale petit Bonhomme.

[contact auteur : B. L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Les immortelles pourraient être des chrysanthèmes, et chaque 22 septembre, comme d'autres portent ces chrysanthèmes à la date anniversaire du décès de leurs proches, GB achète ces fleurs en souvenir de la bien aimée dont il n'a pas fini de faire le deuil.
[contact auteur : Jérémy A]
22Je m'en vais les offrir au premier mort qui passe,
Le premier mort qui passe
Jeu de mots sur les sens du verbe passer :
"Être, se trouver momentanément (à tel endroit) en mouvement."
"Par euphém. Vieilli ou régional. (Personnes). Mourir."
GRAND ROBERT

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
23Les regrets éternels à présent me dépassent :
24Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous.
 
25Désormais, le petit bout de cœur qui me reste
26Ne traversera plus l'équinoxe funeste
27En battant la breloque en souvenir de vous...
En battant la breloque
Breloque, ou berloque. Batterie de tambour pour les repas, les distributions. Au figuré, battre la breloque, c'est divaguer et ne savoir où donner de la tête.
[contact auteur : Romain B.] - [compléter cette analyse]
Complément
... ou du coeur. Les "coups de coeur" engendrent de l'arythmie cardiaque.
[contact auteur : Dominique Chailley]
28Il a craché sa flamme et ses cendres s'éteignent,
Flamme, cendres, funeste
"Flamme" et "cendres" : Clichés repris du vocabulaire de la poésie galante classique et précieuse. Brassens utilise volontiers le vocabulaire classique (c'est le cas notamment de "funeste").
Voir la scène du Bourgeois gentihomme (II, 5) où le maître de philosophie suggère à M. Jourdain "mettre que les feux de ses yeux réduisent votre coeur en cendres...".
Non seulement ce sont des clichés ultra-usés dont on se moquait déjà au XVIIme siècle, mais ici ils sont portés à l'épuisement total (flamme crachée, cendres éteintes) pour parfaire le regard féroce que le poète porte sur lui-même en état amoureux. Le comble de la dérision est bien sûr atteint (en même temps que retourné) par le dernier vers : cet état ridicule est encore enviable.

[contact auteur : Catherine K.] - [compléter cette analyse]
29À peine y pourrait-on rôtir quatre châtaignes :
Châtaignes
Septembre est le mois de la récolte des châtaignes. On voit souvent à l'automne au coin des rues de France, un "marchand de marrons" avec son brasero. Il fait bon se réchauffer les doigts au cornet de papier dans lequel il vend ses châtaignes fraîchement grillées.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
30Le vingt-e-deux septembre, aujourd'hui, je m'en fous,
 
31Et c'est triste de n'être plus triste sans vous.
La nostalgie
Cf. le titre d'un roman de Simone Signoret : "La nostalgie n'est plus ce qu'elle était".
[contact auteur : Dominique Chailley] - [compléter cette analyse]
Nostalgie vanité et regret, espoir
Je ne considère pas (à l'opposé du commentateur du vers 17 qui contient le mot "hirondelle") que ce dernier vers contredise tout le reste du texte, sauf en apparence.
Il donne au contraire à la chanson tout son sens qui est celui (pour un homme) de la vanité de vouloir oublier entièrement un amour qui n'a pas duré et et la nostalgie ou le regret (peut-être artificiel) que cette perte engendre.
On peut aller jusqu'à parler d'un constat d'optimisme et d'espoir car de ce coeur à demi-froid (suffisamment chaud cependant pour rôtir quelques châtaignes), pourra naître un nouvel amour, différent du premier et qu'il ne remplacera pas : tant qu'il y a de la vie il y a de l'espoir

[contact auteur : Jean-Luc C.] - [compléter cette analyse]

Georges Brassens