ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Les trompettes de la renommée
Marquise
Marquise
Brassens reprend ici les trois premières strophes des Stances à Marquise de Pierre Corneille et y ajoute la quatrième plaisamment composée par Tristan Bernard. La "Marquise" dont il est question est Thérèse Gorla, épouse du comédien Du Parc et comédienne elle-même, courtisée par nombre d'artistes (dont Racine).
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Rappelons que "Marquise" n'était pas, en l'occurence, un titre nobiliaire, mais un prénom.
[contact auteur : Michel Cancy]
01Marquise, si mon visage
02A quelques traits un peu vieux,
03Souvenez-vous qu'à mon âge
04Vous ne vaudrez guère mieux.
 
05Le temps aux plus belles choses
06Se plaît à faire un affront
07Et saura faner vos roses
Roses
Le topos de la rose fanée est indissociable du thème du "carpe diem", conventionnel depuis l'Antiquité (Horace) et très courant au XVIème siècle (Ronsard).
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
08Comme il a ridé mon front.
 
09Le même cours des planètes
10Règle nos jours et nos nuits :
11On m'a vu ce que vous êtes ;
12Vous serez ce que je suis.
Vous serez
Ces deux vers sont habilement construits sur un chiasme qui permet de rapprocher le double emploi du verbe "être" et souligne ainsi le parallélisme que le poète veut établir.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
On m'a vu / je suis
Dans une lettre d’Alain Robbe-Grillet à son épouse, on lit la phrase "J’ai été ce que tu es, tu seras ce que je suis." (citée dans le livre "Jeune mariée, Journal, 1957-1962" de C. Robbe-Grillet, 2004 ; d’après Le Monde du 28-29 novembre 2004, page 25)
[contact auteur : Yann N.] - [compléter cette analyse]
 
13Peut-être que je serai vieille,
Peut-être...
Ici commence la strophe ajoutée au poème de Corneille par Tristan Bernard. Gageons que c'est cette manière de réactiver le cliché qui a séduit Brassens. Au-delà de l'humour, la réplique de Marquise imaginée par T. Bernard n'est pas sans profondeur : invitant au "carpe diem", le poète joue en fait contre lui, puisque dans ce présent qu'il faut saisir, Marquise a vingt-six ans et le poète est un vieillard.
[contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]

Envoyer un message à Philippe L.

L'analyse à partir de laquelle est envoyé ce message sera automatiquement rajoutée à la suite du message, il n'est donc pas nécessaire de la recopier.




Changement de ton
Tout change dans cette dernière strophe ajoutée par Tristan Bernard: le point de vue (c'est Marquise qui répond), la métrique (octosyllabes alors que les vers de Corneille avaient 7 pieds), sans parler du ton et du niveau de langue de cette réponse impertinente. Ajoutons à cela la mélodie que Brassens a doonée à cette coda. Le tout contribue à l'effet comique de cette chute inattendue.
[contact auteur : Didier Bergeret] - [compléter cette analyse]
14Répond Marquise, cependant
15J'ai vingt-six ans, mon vieux Corneille,
16Et je t'emmerde en attendant !

Corneille / Tristan Bernard