ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
Carcassonne
Buzatti
Cela me fait penser, dans son côté "absurde" (au sens littéraire du terme) au "Désert des tartares" de Buzatti ; ou même à cette adaptation du même thème par Brel dans "Zangra".
Notons du reste qu'en bon languedocien, Brassens salue au passage la fière et grande cité de Carcassonne. Vous me voyez désolé, mais néanmoins forcé (fidélité oblige) de citer, même ici, du Sardou :
Mais si j'avais choisi l'endroit
De ma naissance, de ma vie d'homme
J'aurais sûrement aimé qu'il soit
Sur les remparts de Carcassonne

[contact auteur : Emmanuel G.] - [compléter cette analyse]
01"Je me fais vieux, j'ai soixante ans,
02J'ai travaillé toute ma vie
03Sans avoir, durant tout ce temps,
04Pu satisfaire mon envie.
05Je vois bien qu'il n'est ici-bas
06De bonheur complet pour personne.
07Mon vœu ne s'accomplira pas :
08Je n'ai jamais vu Carcassonne !
 
09"On voit la ville de là-haut,
10Derrière les montagnes bleues ;
11Mais, pour y parvenir, il faut,
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12Il faut faire cinq grandes lieues,
13En faire autant pour revenir !
14Ah ! si la vendange était bonne !
15Le raisin ne veut pas jaunir
16Je ne verrai pas Carcassonne !
 
17"On dit qu'on y voit tous les jours,
18Ni plus ni moins que les dimanches,
19Des gens s'en aller sur le cours,
20En habits neufs, en robes blanches.
21On dit qu'on y voit des châteaux
22Grands comme ceux de Babylone,
23Un évêque et deux généraux !
24Je ne connais pas Carcassonne !
 
25"Le vicaire a cent fois raison :
26C'est des imprudents que nous sommes.
27Il disait dans son oraison
28Que l'ambition perd les hommes.
29Si je pouvais trouver pourtant
30Deux jours sur la fin de l'automne...
31Mon Dieu ! Que je mourrais content
32Après avoir vu Carcassonne !
 
33"Mon Dieu ! Mon Dieu ! Pardonnez-moi
34Si ma prière vous offense ;
35On voit toujours plus haut que soi,
36En vieillesse comme en enfance.
37Ma femme, avec mon fils Aignan,
38A voyagé jusqu'à Narbonne ;
39Mon filleul a vu Perpignan,
40Et je n'ai pas vu Carcassonne !"
 
41Ainsi chantait, près de Limoux,
Ainsi
Le rythme de ce vers et son premier mot sont à rapprocher de La ballade des cimetières et de Le nombril des femmes d'agent :
Ainsi chantait, la mort dans l'ame
Ainsi gémissait en public
Ces trois chansons sont liées par le thème de la mort avant d'atteindre un souhait qui semble au profane bien singulier.

[contact auteur : Luc Martinon] - [compléter cette analyse]
42Un paysan courbé par l'âge.
43Je lui dis : "Ami, levez-vous ;
44Nous allons faire le voyage."
45Nous partîmes le lendemain ;
46Mais (que le Bon Dieu lui pardonne !)
47Il mourut à moitié chemin :
48Il n'a jamais vu Carcassonne !
Il n'a jamais vu
Noter la parfaite similarité de thème et de construction de ce poème de G. Nadaud avec la chanson de GB, Le nombril des femmes d'agent.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Voir aussi Il n'a pas eu la chaude-pisse, première de la trilogie des trois chansons écrites de la même manière, dans son roman La Tour des Miracles
[contact auteur : Vincent Duchene]
Autre rapprochement possible
Peut-être peut-on aussi rapprocher cette chanson, dans son "scénario" et dans son humour sarcastique, de La ballade des cimetières, même si le thème est différent et raconté sous un ton différent.
Dans Carcassonne, le personnage mis en scène a tout vu sauf Carcasonne, alors même qu'il habite à côté, en la charmante ville de Limoux. Dans La ballade des cimetières, le personnage a des possessions dans tous les cimétières sauf dans celui de Montparnasse "à quatre pas de sa maison".
A la fin des 2 chansons, le narrateur reprend la parole, en faisant du discours des personnages un discours rapporté et entendu. Et dans les deux chansons, les rêves des 2 personnages ne se réalisent pas... alors même qu'ils semblaient les plus faciles à combler !

[contact auteur : Kamal A.] - [compléter cette analyse]

Gustave Nadaud