ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Hors album
Ceux qui ne pensent pas comme nous
01Quand on n'est pas d'accord avec le fort en thème
Fort en thème
Le thème est un exercice consistant à traduire un texte français en latin. Si aujourd'hui le classement des élèves se fait plutôt à partir de leur note en mathématiques, au milieu du vingtième siècle on préférait encore le latin.
"Le fort en thème" est donc celui qui est reconnu comme étant le meilleur.

[contact auteur : Loïc G.] - [compléter cette analyse]
02Qui, chez les sorbonnards, fit ses humanités,
03On murmure in petto : "C'est un vrai Nicodème,
Nicodème
Nicodème est un pharisien devenu disciple de Jésus qui aida Joseph d'Arimathie à l'ensevelir Le Petit Robert.
Dans un entretien avec Jésus (Jean, 3), Nicodème se voit retorquer par Jésus : "Tu es le docteur d'Israël, et tu ne sais pas ces choses !" Evangile de Jean, verset 10
On peut s'étonner de la fine connaissance des Ecritures que possède ce "mécréant" de Brassens !

[contact auteur : Jean-Michel A.] - [compléter cette analyse]
04Un balourd, un bélître, un bel âne bâté."
Bélître
Terme injurieux désignant un homme de rien Le Petit Robert.
Dans les Fourberies de Scapin de Molière, Scapin dit : "Le seigneur Geronte, Monsieur, n'est ni fat, ni maraud, ni bélître".

[contact auteur : Jean-Michel A.] - [compléter cette analyse]
05Moi qui pris mes leçons chez l'engeance argotique,
L'engeance argotique
Allusion au Royaume d'Argot, ou Cour des Miracles (voir Notre Dame de Paris, de V. Hugo), qui était en fait le lieu de rassemblement des voleurs, coupeurs de bourses et autres tire-laine, dont le langage codé - la langue d'Argot - leur permettait de se comprendre sans être compris des "bonnes gens". L'engeance argotique, ce sont donc les voyous, la racaille.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
06Je dis en l'occurrence, excusez le jargon,
Jargon
Un jargon est un langage de spécialistes : le jargon des hommes de loi, des médecins, des informaticiens, généralement difficile à comprendre pour qui n'est pas de la partie. L'argot des malfaiteurs est aussi un jargon. Parmi d'autres.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
07Si la forme a changé le fond reste identique :
08"Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
 
09Entre nous soit dit, bonnes gens,
10Pour reconnaître
11Que l'on n'est pas intelligent,
12Il faudrait l'être.
13Entre nous soit dit, bonnes gens,
14Pour reconnaître
15Que l'on n'est pas intelligent,
16Il faudrait l'être.
De qui s'agit-il vraiment ?
"L'intelligence (comme le bon sens, disait, je crois, Pascal) est la chose du monde la mieux partagée" cette allégation peut revêtir deux significations contradictoires : soit personne n'en est dépourvu, soit le partage entre tous les humains n'en laisse que très peu à chacun.
De la même manière, pour reconnaître que "l'on n'est pas intelligent" (le "on" fait référence au groupe, au clan ou, au contraire, à chacun de nous), "il faudrait l'être"... Il faudrait que vous autres le soyez (donc, un con qui me penserait inintelligent n'a aucune espèce importance) ou bien, pour me rendre compte, personnellement, que je ne suis pas si intelligent que cela, il faudrait que je le sois quand même. En raccourci, les gens modestes ne peuvent être qu'intelligents...
Quelle que soit l'interprétation que l'on choisisse, on est toujours dans l'ambiguïté : les choses ne sont pas si simples que cela, surtout le jugement que l'on a tendance à asséner à autrui.

[contact auteur : Guy V.] - [compléter cette analyse]
Pascal ?
Il me semble que c'est Descartes qui, en préambule du Discours de la Méthode, dit que le bon sens est la chose du monde la mieux partagée. Je dirais volontiers qu'elle est tellement bien partagée qu'on n'en a pas reçu beaucoup chacun!
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
17Jouant les ingénus, le père de Candide,
18Le génial Voltaire, en substance écrivit
19Qu'il souffrait volontiers - complaisance splendide -
20Que l'on ne se conformât point à son avis.
21"Vous proférez, monsieur, des sottises énormes,
22Mais jusques à la mort, je me battrais pour qu'on
23Vous les laissât tenir. Attendez-moi sous l'orme !"
Sous l'orme
D'après Félix Benoît dans À la découverte du Pot aux Roses, Ed. Solar, 1980 : "la justice se rendait au Moyen Âge sous l'orme planté devant le château... Mais certains plaideurs s'abstenaient d'y paraître!"
Attendez-moi sous l'orme signifierait alors, dans le cas où on a un différend avec quelqu'un : "Tu peux toujours courir!"

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Est-ce bien en ligne avec le reste ?
"Tu peux toujours courir" ne semble pas du tout s'assortir au contexte : on ne se bat pas pour que quelqu'un puisse s'exprimer sur des idées contraires aux siennes, me semble-t-il, si ce n'est pas pour pouvoir ensuite en débattre avec lui!
On dit que Brassens remettait en chantier plus de vingt fois son ouvrage. Il me semble plus probable que cette fin de vers ne le satisfaisait pas et que c'est pour cette raison que cette chanson fait partie de celles qui étaient restées encore en chantier au moment de sa mort. Just my two cents.

[contact auteur : François-Dominique A.] - [compléter cette analyse]
Sous l'orme
Le début du couplet soupçonne Voltaire de "jouer les ingénus", autrement dit de faire l'imbécile. On peut comprendre que GB doutait sérieusement que Voltaire eût été prêt à mettre sa vie en jeu pour permettre à un adversaire de s'exprimer.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Attendez-moi sous l'orme
Invitation ironique que l'on fait à quelqu'un d'aller à un rendez-vous où l'on n'a pas dessein d'aller soi-même, de compter sur une promesse que l'on ne veut pas tenir:
"Attendez-moi nous l'orme,
Vous m'attendrez longtemps."
REGNARD

Grand Dictionnaire Larousse du XIXe siècle

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
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24"Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
 
25Entre nous soit dit, bonnes gens,
26Pour reconnaître
27Que l'on n'est pas intelligent,
28Il faudrait l'être.
29Entre nous soit dit, bonnes gens,
30Pour reconnaître
31Que l'on n'est pas intelligent,
32Il faudrait l'être.
 
33Si ça n'entraîne pas une guerre civile
34Quand un fâcheux me contrarie, c'est - soyons francs -
35Un peu par sympathie, par courtoisie servile,
36Un peu par vanité d'avoir l'air tolérant,
37Un peu par crainte aussi que cette grosse bête
38Prise à rebrousse-poil ne sorte de ses gonds
39Pour mettre à coups de poing son credo dans ma tête.
40"Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
 
41Entre nous soit dit, bonnes gens,
42Pour reconnaître
43Que l'on n'est pas intelligent,
44Il faudrait l'être.
45Entre nous soit dit, bonnes gens,
46Pour reconnaître
47Que l'on n'est pas intelligent,
48Il faudrait l'être.
 
49La morale de ma petite ritournelle,
50Il semble superflu de vous l'expliciter.
51Elle coule de source, elle est incluse en elle :
52Faut choisir entre deux éventualités.
53En fait d'alternative, on fait pas plus facile.
54Ceux qui l'aiment, parbleu, sont des esprits féconds,
55Ceux qui ne l'aiment pas, de pauvres imbéciles.
56"Ceux qui ne pensent pas comme nous sont des cons."
 
57Entre nous soit dit, bonnes gens,
58Pour reconnaître
59Que l'on n'est pas intelligent,
60Il faudrait l'être.
61Entre nous soit dit, bonnes gens,
62Pour reconnaître
63Que l'on n'est pas intelligent,
64Il faudrait l'être.

Georges Brassens