ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Fernande
Fernande
01Une manie de vieux garçon,
Fausse allusion
"Manie de vieux garçon", "habitude", "agrémenter (s)a solitude" : forcément, l'auditeur distrait pense immédiatement à "la-pratique-qui-rend-sourd" (horresco referens). Mais non : que les dames de la paroisse se rassurent : il s'agissait seulement de se gratter la guitare...
(Et toute allusion au caractère notoirement ithyphallique dudit instrument serait évidemment déplacée).

[contact auteur : Donat Donat] - [compléter cette analyse]
02Moi, j'ai pris l'habitude
03D'agrémenter ma solitude
04Aux accents de cette chanson :
 
05Quand je pense à Fernande
06Je bande, je bande,
Fausse intransitivité
Chez Brassens, les réflexions linguistiques s'impliquent un peu partout. Le verbe "bander" est intransitif, ce qui lui donne l'apparence de désigner un acte volontaire. Le dernier vers explique : malgré toute apparence (malgré l'intransitivité du verbe), ça n'se commande pas. D'autres verbes intransitifs de ce type sont: oublier et mourir. Ce dernier et le point de départ linguistique de la chanson Mourir pour des idées, car -- linguistiquement -- mourir, oublier, bander... ça n'se commande pas.
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
07Quand j' pense à Félicie
Félicie
Naturellement, Brassens se souvient de ce chef d'oeuvre d'avant-guerre chanté par Fernandel "Félicie aussi"
[contact auteur : Jean-Yves E.] - [compléter cette analyse]
08Je bande aussi,
09Quand j' pense à Léonore,
10Mon Dieu, je bande encore
Je bande encore
Egalement allusion à la chanson paillarde déjà évoquée dans Les Quat'z'arts : "Saint-Eloi n'est pas mort, car il bande encor." Procédé cher à Brassens: il dit "je bande encor" pour exprimer "je ne suis pas mort".
Et, soit dit en passant, pour la strophe du séminariste, le "Bon Dieu" de ce refrain perd sa notion stéréotypique (= sens usé) en reprenant le premier sens au non-figuré. Adorable.

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
11Mais quand j' pense à Lulu,
Qui est Lulu
Il paraitraît que Lulu ne soit pas un personnage féminin, mais le patron d'une brasserie aveyronnaise, à Rodez. Brassens s'y serait rendu quelques fois pour y déguster du Marcillac, la production viticole locale.
Etant Aveyronnais et de surcroît, vigneron dans le Vaucluse, je suis particulièrement réceptif à cette interprétation et voudrais savoir auprès des autres utilisateurs s'ils ont des versions similaires ou différentes quant-à l'origine de Lulu, l'antisexuel(le)...

[contact auteur : Julien P.] - [compléter cette analyse]
12Là, je ne bande plus.
13La bandaison, papa,
14Ça n' se commande pas.
 
15C'est cette mâle ritournelle,
16Cette antienne virile,
Antienne
Chant religieux médiéval, du chant grégorien, quoi... évidemment chanté par des choeurs de moines dans leur monastère, encore des hommes sans femmes qui pourraient bien chanter eux aussi "Quand je pense..."
[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
17Qui retentit dans la guérite
18De la vaillante sentinelle :
La vaillante sentinelle
Ne paraît-il pas amusant qu'un couplet où les adjectifs mâle, virile et vaillante se font écho ne contienne que des substantifs féminins ritournelle, antienne, guérite et surtout sentinelle) ?
[contact auteur : Sylvain B.] - [compléter cette analyse]
 
19Quand je pense à Fernande
20Je bande, je bande,
21Quand j' pense à Félicie
22Je bande aussi,
23Quand j' pense à Léonore,
24Mon Dieu, je bande encore,
25Mais quand j' pense à Lulu,
26Là, je ne bande plus.
27La bandaison, papa,
28Ça n' se commande pas.
 
29Afin de tromper son cafard,
30De voir la vie moins terne,
31Tout en veillant sur sa lanterne,
Lanterne
La lanterne a un sens obscène chez Rabelais : il en fait le synomyne de "falot", qui signifie effectivement lumignon, mais aussi pénis. En fait dans les couplets de cette chanson, en cherchant un peu on trouve toujours une équivoque qui permet de dire que les personnages sont en train de se masturber...
[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Symboles phaliques :
En fait, le phare comme la guérite sont des constructions humaines dressées dans le paysage, et peuvent donc l'un comme l'autre être perçus comme des symboles phaliques (d'autant que seuls des hommes y sont généralement affectés).
En revanche, pas de symbole de ce type dans la strophe du séminariste. C'eut pourtant été facile, à cause du clocher... Faut-il y voir un nouveau témoignage de délicatesse de la part d'un GB ne souhaitant pas associer la verticalité de la prière à des préoccupations charnelles ? Ou bien la prière doit-elle être vue comme "sublimation" donc détournement des pulsions au service d'une cause supérieure ?

[contact auteur : Donat Donat]
32Chante ainsi le gardien de phare :
 
33Quand je pense à Fernande
34Je bande, je bande,
35Quand j' pense à Félicie
36Je bande aussi,
37Quand j' pense à Léonore,
38Mon Dieu, je bande encore,
39Mais quand j' pense à Lulu,
40Là, je ne bande plus.
41La bandaison, papa,
42Ça n' se commande pas.
 
43Après la prière du soir,
44Comme il est un peu triste,
45Chante ainsi le séminariste
46À genoux sur son reposoir :
Reposoir
Jojo se gourre un peu, là. On ne s'agenouille pas sur mais devant un reposoir, qui est un autel décoré pour une adoration comme celle du Saint Sacrement. Je le soupçonne de le savoir, mais de passer outre pour les besoins de la prosodie. Sans compter qu'un séminariste à genoux sur un reposoir, c'est assez croquignol à imaginer.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Reposoir
Bien vue, l'image du vicaire à genou sur son reposoir. J'en ris encore.
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
 
47Quand je pense à Fernande
48Je bande, je bande,
49Quand j' pense à Félicie
50Je bande aussi,
51Quand j' pense à Léonore,
52Mon Dieu, je bande encore,
53Mais quand j' pense à Lulu,
54Là, je ne bande plus.
55La bandaison, papa,
56Ça n' se commande pas.
 
57À l'Étoile où j'étais venu
58Pour ranimer la flamme,
59J'entendis ému jusqu'aux larmes
60La voix du Soldat Inconnu :
Soldat Inconnu
Contrairement à ce qu'on pourrait croire, chez Brassens, le Soldat Inconnu ne songe pas aux faits militaires héroïques qu'il a dû connaître.
[contact auteur : Bruno Barral] - [compléter cette analyse]
 
61Quand je pense à Fernande
62Je bande, je bande,
63Quand j' pense à Félicie,
64Je bande aussi,
65Quand j' pense à Léonore,
66Mon Dieu, je bande encore,
67Mais quand j' pense à Lulu,
68Là, je ne bande plus.
69La bandaison, papa,
70Ça n' se commande pas.
 
71Et je vais mettre un point final
72À ce chant salutaire,
73En suggérant aux solitaires
74D'en faire un hymme national.
Hymne national
Clin d'oeil de l'histoire : il se trouve que l'actuelle première dame de France a enregistré une version de "Fernande" en public et à la guitare (version que, pour ma part, je trouve charmante, quoiqu'il soit curieux d'entendre ce refrain dans la bouche d'une femme...). S'il est quelqu'un de bien placé aujourd'hui pour suggérer d'en faire un hymne national, c'est bien Carla Bruni... mais ne rêvons pas.
[contact auteur : Donat Donat] - [compléter cette analyse]
 
75Quand je pense à Fernande,
76Je bande, je bande,
77Quand j' pense à Félicie,
78Je bande aussi,
79Quand j' pense à Léonore,
80Mon Dieu, je bande encore,
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81Mais quand j' pense à Lulu,
82Là, je ne bande plus.
83La bandaison, papa,
84Ça n' se commande pas.

Georges Brassens