ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Don Juan
Trompe la Mort
Trompe-la-mort
Familièrement, un trompe-la-mort était un téméraire, un casse-cou. Là encore, GB va détourner le sens du mot en nous expliquant comment, littéralement, il s'ingénie à tromper le temps qui passe et la Camarde qui rôde.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Trompe la Mort
"Personne très vieille ou rétablie contre toute espérance." Selon le Littré (1872)
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Trompe la mort
Trompe-la-mort est le surnom du personnage de Vautrin, bagnard évadé et surpuissant, dans "Le Père Goriot" de Balzac, oeuvre à laquelle Brassens fait référence dans Les ricochets :
J'entrai pas aux cris
D'"A nous deux, Paris !"
En Île de France
Que ton Rastignac
N'aie cure, ô Balzac
De ma concurrence.

[contact auteur : Benjamin R.] - [compléter cette analyse]
01Avec cette neige à foison
02Qui coiffe, coiffe ma toison,
03On peut me croire, à vue de nez,
04Blanchi sous le harnais.
Blanchir sous le harnais
En ancien français le mot harnais signifiait l'ensemble de l'armure d'un cavalier. Blanchir sous le harnais signifiait que l'on avait fait toute sa carrière dans le métier des armes, puis par extension dans le même métier. GB se consacre entièrement à la poésie depuis 1940, au moins.
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]

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Complément
Le harnais des chevaux de trait, après travail, faisait blanchir leurs poils à force de sueur et de frottements.
[contact auteur : Alain D.]
05Eh bien, Mesdames et Messieurs,
06C'est rien que de la poudre aux yeux,
Théâtre et tromperie
Le théâtre est un peu partout : ici la poudre (même si l'acception "se cache" dans un phraséologisme désignant la tromperie) ; dans la deuxième partie de cette strophe : la perruque...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
07C'est rien que de la comédie,
08Que de la parodie :
 
09C'est pour tenter de couper court
Couper court
Toujours en référence aux cheveux du paragraphe : c'est bien au coiffeur que l'on s'adresse ainsi.
[contact auteur : Claude Polez] - [compléter cette analyse]
Couper court
Selon le Larousse, "couper court à = faire cesser brusquement".
[contact auteur : Alvaro Britto] - [compléter cette analyse]
10À l'avance du temps qui court,
11De persuader ce vieux goujat
12Que tout le mal est fait déjà.
13Mais dessous la perruque j'ai
14Mes vrais cheveux couleur de jais,
15C'est pas demain la veille, Bon Dieu !
16De mes adieux.
 
17Et si j'ai l'air moins guilleret,
18Moins solide sur mes jarrets,
19Si je chemine avec lenteur
20D'un train de sénateur,
21N'allez pas dire : "Il est perclus"
22N'allez pas dire : "Il n'en peut plus ",
23C'est rien que de la comédie,
24Que de la parodie,
 
25Histoire d'endormir le temps,
26Calculateur impénitent,
27De tout brouiller, tout embrouiller
28Dans le fatidiqu' sablier.
Fatidique sablier
Littéralement, le sablier du destin (fatum, en latin). On sait que le sablier est L'ancêtre de nos horloges, symbole du temps qui passe. On sait aussi que la Mort est souvent représentée par un squelette drapé dans un linceul qui tient d'une main une faux (voir Oncle Archibald) et de l'autre... un sablier.
Cette association du Temps et de la Mort était très claire dans la devise qu'on pouvait lire au-dessus de certains cadrans solaires et autres horloges : VULNERANT OMNES, ULTIMA NECAT. "Elles (les heures) blessent toutes, mais la dernière tue."

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
29En fait, à l'envers du décor,
30Comme à vingt ans, je trotte encore,
31C'est pas demain la veille, Bon Dieu !
32De mes adieux.
 
33Et si mon coeur bat moins souvent
34Et moins vite qu'auparavant,
35Si je chasse avec moins de zèle
36Les gentes demoiselles,
37Pensez pas que je sois blasé
38De leurs caresses, leurs baisers,
39C'est rien que de la comédie,
40Que de la parodie,
 
41Pour convaincre le temps berné
42Qu'mes fêt's galantes sont terminées,
Fêtes galantes
Les Fêtes Galantes, titre d'un recueil de poésies (1869) de Paul Verlaine. C'est de ce recueil que GB a tiré Colombine.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
43Que je me retire en coulisse,
44Que je n'entrerai plus en lice.
Lice
La lice est le champ clos où se déroulaient au Moyen-Âge les joutes et les tournois. Entrer en lice, c'est donc entrer dans la bagarre, (ici le corps à corps amoureux), ou plus généralement entrer en compétition.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
45Mais je reste un sacré gaillard
46Toujours actif, toujours paillard,
47C'est pas demain la veille, Bon Dieu !
48De mes adieux.
 
49Et si jamais, au cimetière,
50Un de ces quatre, on porte en terre,
51Me ressemblant à s'y tromper,
Trompe-la-mort
Ici, le titre de cette chanson s'explique dans un autre sens : "trompe-la-mort" (= ressembler la mort à s'y tromper) comme "trompe-l'oeil" et "trompe-l'esprit"...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
52Un genre de macchabée,
53N'allez pas noyer le souffleur
Trou du souffleur
Encore le théâtre : la tombe comme trou du souffleur ("petit réduit placé sur le devant du théâtre, où est placé le souffleur", le Littré). Quelle image : le souffleur d'une comédie (!) risquant de se noyer dans son trou dans un flot de larmes versées par les spectateurs.
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Le
Sans oublier cette allusion phonique "souffleur - sous fleurs" derrière les décors, ce trompe-l'oreille...
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
54En lâchant la bonde à vos pleurs,
La bonde
La bonde c'est le trou supérieur d'un tonneau (ex: "plein jusqu'à la bonde"), mais par extension, c'est le bouchon qui obture ce trou : lâcher la bonde, c'est donc permettre au vin (ou à tout autre liquide) de couler.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
55Ce sera rien que comédie
56Rien que fausse sortie.
 
57Et puis, coup de theâtre, quand
Coup de théâtre
Le Littré (1872): "Coup de théâtre, événement imprévu pour les spectateurs qui arrive dans une pièce. Fig. L'exil de ce ministre fut un coup de théâtre."
Toute cette chanson évoque, par analogie, la vie humaine comme étant une pièce de théâtre : "comédie, parodie, fausse sortie, derrière les décors, le souffleur, la farce est jouée, en saluant sous les bravos"

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
58Le temps aura levé le camp,
59Estimant que la farce est jouée
La farce est jouée
Le Littré (1872) : "Fig. Tirez le rideau, la farce est jouée, se dit, ordinairement par plaisanterie, pour signifier : tout est fini, c'en est fait ; c'est le mot attribué à l'empereur Auguste au moment de mourir."
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément
En fait l'empereur Auguste, agonisant au terme de la représentation en avait oublié d'applaudir. Ses gens le "rappelèrent à l'ordre": Plaudite! Fabula acta est!
[contact auteur : Alexandre E]
60Moi tout heureux, tout enjoué,
61Je m'exhumerai du caveau
Sortir du caveau
Pour l'expression, voir Les Quat’z’arts où la farce frise la mauvais goût lorsque le mort - bien mort - ne sort pas du cercueil en s'écriant "Coucou !".
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
62Pour saluer sous les bravos...
63C'est pas demain la veille, Bon Dieu !
64De mes adieux.

Georges Brassens