ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Le pornographe
La ronde des jurons
01Voici la ron-
02De des jurons
03Qui chantaient clair, qui dansaient rond,
04Quand les Gaulois
05De bon aloi
06Du franc-parler suivaient la loi,
07Jurant par-là, jurant par-ci,
08Jurant à langue raccourcie,
à langue raccourcie
Jeu multiple : "langue" -- organe proprement dit ("jurer à langue raccourcie" dérivé de "frapper à bras raccourcis") et organe de parole et "système d'expression... (communauté linguistique)" [Petit Robert].
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
09Comme des grains de chapelet
10Les joyeux jurons défilaient :
 
11Tous les morbleu,
Morbleu etc.
La terminaison -bleu, est un euphémisme qui évite de dire Dieu, et donc de blasphémer. Dire mordieu! c'était jurer "par la mort de Dieu!". Fallait oser, à l'époque!
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
12Tous les ventrebleu,
Ventrebleu
"par le ventre de Dieu!"
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
13Les sacrebleu et les cornegidouille,
Cornegidouille
Si sacrebleu (sacré dieu!) est assez courant (crédieu! crébondieu!), cornegidouille est un juron inventé par Jarry et tiré de Ubu Roi. Ubu jure aussi "par ma chandelle verte!"
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
14Ainsi, parbleu,
Parbleu
Par Dieu !
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
15Que les jarnibleu
Jarnibleu
"je renie Dieu!", blasphème de niveau péché mortel. Voir plus bas jarnicoton. Ne pas oublier que "Tu ne prononceras pas le nom de Dieu en vain" est le troisième des Dix Commandements. Oui, avant "Tu ne tueras pas", qui n'est qu'en septième position.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
16Et les palsambleu,
Palsambleu
"par le sang de Dieu!"
À rapprocher de l'explétif "bloody" qui, en anglais, a la même origine.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
17Tous les cristi,
Cristi
Le Christ, un juron de plus en rapport avec la religion.
[contact auteur : Clément L.] - [compléter cette analyse]
18Les ventre saint-gris,
Ventre-saint-gris
Euphémisme pour Ventrebleu, lui-même euphémisme pour Ventre-Dieu, St Gris étant un nom de saint fantaisiste. Juron attribué à Henri IV. Le Petit Robert
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
19Les par ma barbe et les nom d'une pipe,
20Ainsi, pardi,
Pardi
Pardi est aussi un juron édulcoré: c'est Par Dieu! Bizarrement, il s'est spécialisé dans le sens de "évidemment".
Ex. Comment j'y vais ? Je prends le métro, pardi!

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
21Que les sapristi
Sapristi et sacristi
Comme saperlotte et saperlipopette, sapristi commence par sapré, déformation de sacré. Le jeu de mots avec "sacristie", la pièce où le prêtre s'habille avant la messe, n'est sans doute pas entièrement dû au hasard.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
22Et les sacristi,
Sacristie
Il semble que Ciboire! (prononcé Cibouère) Tabernacle! (prononcé Tabarnac) et Sacristie! soient des jurons encore assez communs chez nos cousins du Québec, qui sont de culture très catholique. Variantes et combinaisons: Cibouère de sacristie! Tabarnac à deux étages!
Notons que le ciboire, quand il contient les hosties, est rangé dans le tabernacle, mais à la sacristie lorsqu'il est vide.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Sacristi
Ciboire est bien un juron mineur au Québec, par contre jamais de ma vie je n'ai entendu quelqu'un prononcer sacristie. Un bon résumé des sacres Québécois courants : Hostie, Calice, Tabernacle, Sacrement, Christ. Pour créer une phrase, il suffit de noter que chacun des termes peut servir de sujet, de complément ou d'adjectif, et que Christ et Calice sont aussi des verbes.
[contact auteur : Patrick M.] - [compléter cette analyse]
Sacristie
Sacristie! interj. — Juron.
Léandre Bergeron, Dictionnaire de la Langue Québécoise, vlb éditeur, 1980, page 440.
Mais il est bien sûr possible que son emploi soit tombé en désuétude. Comme quoi, il ne faut pas toujours se fier aux dictionnaires !

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Putain de Tabarnac !
Pour revenir sur les sacres du Québec, l'intervenant plus haut dit que les québecois sont de culture très catholique. C'était vrai mais ce n'est plus le cas aujourd'hui, pour ma part je suis athé et je jure assez souvent, c'est donc à dire que je ne jure pas vraiment puisque je ne suis pas croyant. Tout cela n'est que relent du passé...
Il est intéressant de constater que les sacres* français sont davantage portés sur le sexe comme au U.S.A. La Fance est aux U.S.A ce que le Québec est à la vieille France !

* Canada. Fam. Juron ou formule de juron souvent formés par la déformation de noms d'objets liturgiques Larousse

[contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
Le service de publication est momentanément désactivé, sans doute à cause d'une trop longue liste d'analyses en attente de modération.
Merci de votre compréhension.
23Sans oublier les jarnicoton,
Jarnicoton
C'est un juron qui avait été conseillé à Henri IV par son confesseur pour remplacer les jurons comportant le nom de Dieu. Ce confesseur se nommait Cotton et Jarnicoton voulait dire: je renie Cotton
[contact auteur : Jean D.] - [compléter cette analyse]
24Les scrogneugneu et les bigre et les bougre,
Scrogneugneu
C'est le "Rrrontudju!" de Prunelle ou Fantasio dans les aventures de Gaston Lagaffe, à savoir une déformation "euphémistique" de Nom de dieu! (je jure par le Nom de Dieu et, ce faisant, j'enfreins sciemment le troisième commandement)
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Bougre
Introduit en France au moment de la guerre des Albigeois, le mot bougre signifie à l'origine "Bulgare". L'hérésie des Albigeois, ou Cathares, avait été en effet importée de Bulgarie. Il considéraient le mariage comme un pis-aller, le célibat comme un idéal. Leurs "prêtres" allaient par deux (on les appelait les Parfaits) et certains en avaient conclu qu'ils s'adonnaient à la sodomie. Bougre était donc à l'origine une injure du niveau "Sale pédé".
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Bigre
Bigre est la version édulcorée de bougre, comme fich(tr)e celle de foutre.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
25Les saperlott', les cré nom de nom,
26Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
Diantre
Diantre, c'est une déformation de Diable. Comme pour Dieu, on évitait de prononcer directement son nom par crainte d'ennuis graves.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Foutre
Foutre est un vieux verbe qui signifie simplement baiser, mais qui a perdu beaucoup de sa virulence depuis un demi-siècle (c'est le "fuck" qui est resté beaucoup plus longtemps tabou chez les Anglo-Saxons, mais se répand aujourd'hui partout). "Va te faire foutre!" est on ne peut plus clair. Accessoirement, le foutre, substantif, signifie le sperme.
Fichtre est la version soft de foutre.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
27Tous les Bon Dieu,
28Tous les vertudieu,
Vertudieu
La vertu étant le pucelage, "Par le pucelage de Dieu!" était évidemment un juron un peu raide. Il avait, outre Vertubleu bien sûr, une autre version soft assez marrante: "Vertuchoux!"
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Vertudieu n'est pas un juron
Rabelais, dans sa "Brève déclaration" en supplément au Quart Livre, le dit : "ce n'est jurement, c'est assertion". Comme "sangdieu", c'est un raccourci de la formule "Par le Sang Dieu nous fûmes rachetés, par la vertu Dieu nous serons sauvés", phrase très courante dans les prêches d'autrefois.
[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
Complément
Je ne sais pas si c'est une très bonne idée de prendre au pied de la lettre les assertions de Rabelais qui, à son époque déjà, faisait souvent de l'humour au moins au deuxième degré.
[contact auteur : Henri T.]
29Tonnerr' de Brest et saperlipopette,
Brest
Tonnerre de Brest, popularisé par le Capitaine Haddock, c'est aussi un Tonnerre de Dieu édulcoré.
Notons au passage que haddock signifie "hareng séché", et que le Capitaine partage son goût des jurons fleuris avec les harengères de la chanson.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Le "Tonnerre de Brest" était en fait un gros canon qui tonnait pour annoncer l'arrivée d'un ennemi ou l'évasion d'un forçat du bagne voisin.
Le "Tonnerre de Brest" faisait "grand bruit dans Landernau", petit village proche de Brest.

[contact auteur : Jean-pierre Delhon]
30Ainsi, pardieu,
31Que les jarnidieu
Jarnidieu
Jarnidieu = je renie dieu.
Ce n'est pas une formule édulcorée, c'est simplement dit avec un accent paysan.

[contact auteur : Matthias L.] - [compléter cette analyse]
32Et les pasquedieu.
 
33Quelle pitié!
34Les charretiers
Charretiers
Les conducteurs d'attelage, ou charretiers, avaient la réputation de jurer haut et fort pour encourager leurs chevaux ou leurs mules (voir à ce propos les aventures de Lucky Luke).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
35Ont un langage châtié!
36Les harengères
37Et les mégères
38Ne parlent plus à la légère!
39Le vieux catéchisme poissard
Poissard
Les poissardes, ou marchandes de poisson (comme les harengères) étaient réputées pour leur vocabulaire choisi, et à peu près aussi parfumé que leur poisson.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Poissard
Poissard signifie également très malchanceux
[contact auteur : Carl C.] - [compléter cette analyse]
Complément
Renvoie peut-être à un livre signé L'Arsouille, Milord : Le Parfait catéchisme poissard : recueil le plus soigné et le plus complet d'engueulades, de joyeux dialogues de carnaval, de chansons grivoises, d'anecdotes, de rencontres et de scènes d'arsouilles ...
Paris, Delarue 1835

[contact auteur : Ulrich K.]
40N'a guèr' plus cours chez les hussards...
Hussards
Cavaliers d'élite, les hussards ont laissé une réputation de gens qui ne s'embarrassaient pas de cérémonies inutiles : baiser "à la hussarde" ressemblait fort à violer. Gageons qu'ils violaient aussi la grammaire, le vocabulaire et la bienséance.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
41Ils ont vécu, de profundis,
De profondis
Premiers mots de la prière pour les morts : De profundis clamavi ad te Domine (Des profondeurs j'ai crié vers toi, Seigneur)
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
De profondis morpionibus
On ne peut voir cette expression sans penser au début du chant de la litturgie paillarde, chère à Brassens, de Profondis Morpionibus, attribué à Théophile Gautier.
[contact auteur : Pierre F.] - [compléter cette analyse]
42Les joyeux jurons de jadis :
 
43Tous les morbleu,
44Tous les ventrebleu,
45Les sacrebleu et les cornegidouille,
46Ainsi, parbleu,
47Que les jarnibleu
48Et les palsambleu,
49Tous les cristi,
50Les ventre saint-gris,
51Les par ma barbe et les nom d'une pipe,
52Ainsi, pardi,
53Que les sapristi
54Et les sacristi,
55Sans oublier les jarnicoton,
56Les scrogneugneu et les bigre et les bougre,
Bougre (bis)
Puisqu'on a mentionné "fuck" et "bloody", notons que "bugger" a gardé en anglais le sens de sodomiser. C'est pour "buggery" qu'Oscar Wilde fut envoyé en prison. Mais il a aussi un sens émoussé : en exclamation, Bugger! est l'équivalent de Zut!
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément
Boulgre est une forme de "bulgare" (cf Rabelais) à la forte réputation
[contact auteur : Edouard Lestingois]
57Les saperlott', les cré nom de nom,
Saperlotte
A mon avis, après avoir recherché dans des vieux dictionnaires encyclopédiques de 1881, je pense que "saperlotte" est une contraction de "saperlipopette" qui pourrait se décomposer dans une approche étymologique de la façon suivante :
- saper : travailler avec le pic et la pioche à détruire les fondements d'un édifice, d'une fortification. Abattre par sous-oeuvre et par le pied, avec des marteaux, masses et pinces | sens figuré : détruire les fondement de, saper un système. saper les bases de la morale.
- lipo : du grec lipo : graisse, vu aussi dans lipome, lipoïde, qui caractérise des objets, des formes rondes et flasques, comme celles formées par les fesses.
- pette : de l'italien petto qui veut dire : dans l'intérieur du coeur, en secret.
Ce qui pourrait vouloir dire : frapper les fesses en secret, botter les fesses en comité restreint.
C'est donc une expression probablement utilisée, comme avertissement, par les anciens éducateurs, moines, professeurs, tuteurs pour signifier à un élève ou un subordonné qu'une action de "bottage" de fesses va lui être appliquée à part, en intimité pour que ce châtiment corporel ne soit pas sur la place publique.

[contact auteur : L Alchimiste] - [compléter cette analyse]
58Les peste, et pouah, diantre, fichtre et foutre,
59Tous les Bon Dieu,
60Tous les vertudieu,
61Tonnerr' de Brest et saperlipopette,
62Ainsi, pardieu,
63Que les jarnidieu
64Et les pasquedieu
Pasquedieu
Ce juron apparaît (plutôt sous forme d'interjection) dans Notre-Dame de Paris et dansMarion de Lorme, de Victor Hugo
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Pasquedieu
- Pasquedieu, maître Claude, reprit le compère Tourangeau après un silence, vous me gênez fort. J'avais deux consultations à requérir de vous, l'une touchant ma santé, l'autre touchant mon étoile.
Victor Hugo. Notre Dame de Paris

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pasquedieu
- Mais, pasquedieu, c'est de la bergerie
Que ces amitiés-là ! c'est du Racan tout pur.
Il va donc pour entrer escalader ce mur ?

Victor Hugo. Marion Delorme. Acte I. Scène 1.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pasquedieu
Et pourquoi pas simplement "parce que Dieu!" comme si en prononcant ce mot, on prenait Dieu comme témoin des paroles suivantes...
[contact auteur : Sebastien P.] - [compléter cette analyse]

Georges Brassens