Pierre Desproges A noter que les vers 33 à 35 ont été cités par P. Desproges (qui ne cachait pas son admiration pour GB) au Tribunal des Flagrants Délires. L'homme qui écoutait son réquisitoire sur le banc des "accusés" était JM. Le Pen. [contact auteur : Raphael W.] - [compléter cette analyse]
Chauvin Le mot "chauvin" a pour origine le nom de famille de Nicolas Chauvin, soldat de la Révolution française puis de la Grande Armée de Napoléon Ier. Son enthousiasme et son patriotisme naïf furent ridiculisés dans des pièces de théâtre, comme la comédie "La cocarde tricolore" des frères Cogniard.
L'adjectif "chauvin" est utilisé, le plus souvent avec un sens péjoratif pour qualifier des personnes faisant preuve d'un patriotisme étroit, belliqueux, voire fanatique ou xénophobe. [contact auteur : Richard Vitte] - [compléter cette analyse]
Clocher Avoir l'esprit de clocher, c'est avoir un esprit étroit, être chauvin, ne pas voir plus loin que le bout de sa rue. Quand on sait ce qu'empalé, ou empaffé, veut dire, l'image est à la fois terrible et à hurler de rire (un rire un peu douloureux quand même). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Terre à terre Il faut bien voir que Brassens défend toujours la simplicité terre-à-terre. Ici, il se prononce contre ceux qui "se gonflent d'orgueil" et associent le hasard de leur naissance à un sentiment de supériorité par rapport au reste du monde - ceux qui enfoncent soit la tête dans cette terre pour ne pas voir plus loin que le bout de leur nez, soit se gonflent à tel degré qu'ils planent en Dieu au-dessus des têtes d'autrui.
Dans la Supplique pour être enterré à la plage de Sète, Brassens reste terre-à-terre, car il ne parle que du corps et non de l'âme. La Supplique n'est pas du tout gonflée d'orgueil, au contraire : Brassens réduit l'importance de la ville de naissance au corps sans aucune prétention d'âme... Il en est de même de La mauvaise réputation, où "le cul-terreux se retrouve par terre", ce qui dit tout. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Diable Vauvert Voici une expression dont l'origine est mystérieuse. Pour d'aucuns il s'agirait du château de Vauvert, situé dans l'ancien Gentilly, où des apparitions de diables auraient été constatées ; pour d'autres ce château, abandonné, serait devenu un repaire de brigands.
Toujours est-il que cette expression est très ancienne puisqu'on la trouve chez Rabelais : "Je vous chicanerai en diable de Vauvert" [contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
Zanzibar Zanzibar est utilisée pour la rime mais aussi pour dire que les chauvins, il n' y en a pas qu'en France (bien qu'elle en ait la réputation) mais partout. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Zanzibar Île de l'océan Indien, près de la côte d'Afrique ; 1 658 km2 ; 310 000 h. Ch.-l. Zanzibar (125 000 h.). Zanzibar et l'île voisine de Pemba forment la Tanzanie insulaire. [Larousse]. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Mazette ! Expression un peu démodée, équivalent de notre actuel "Eh b'en dis donc!" marquant l'étonnement ou une admiration ironique.
Le Robert nous dit qu'à l'origine une mazette était un mauvais petit cheval, et par la suite un maladroit ou un incapable. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Expression échiquéenne : une mazette est un mauvais joueur d'echecs. S'il on veut chercher un rapport avec la chanson, cela risque d'être difficile.
L'expression des joueurs : "quand mazette voit échec, mazette fait échec" veut dire que ce sublime amateur ne voit pas plus loin que le bout de son nez, se précipite vers le plus attirant a priori. [contact auteur : Arno P.]
Complément Un mauvais joueur, mais pas seulement aux échecs... Je note en particulier que l'expression revient souvent chez Jean Ray pour désigner un mauvais golfeur (Contes Noirs du golf). Mais dans la chanson de GB c'est bien une expression d'étonnement. [contact auteur : Gérard Lenne]
Complément Voir aussi Cyrano de Bergerac, d'Edmond Rostand : ... Ne découvrir du talent qu'aux mazettes
(Acte 2 Scène 8) [contact auteur : Jean-pierre Delhon]
Autruches La légende dit que les autruches s'enfouissent la tête dans le sable pour ne pas voir le danger. On peut comprendre que les autruches ici sont les "imbéciles heureux" qui trouvent à tirer gloire même de leur lâcheté, ou de leur aveuglement volontaire. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Baudruche La baudruche, ce ballon de couleur qu'on gonfle pendant les fêtes, est depuis longtemps l'image de la vanité. La Fontaine s'y réfère indirectement dans La Grenouille qui veut se faire aussi grosse que le Boeuf. Comme la bulle de savon, la baudruche est éphémère et ne dure que le temps d'une fête. Vanité des vanités... Quand au souffle divin, c'est littéralement l'Esprit Saint. La racine gréco-latine du mot esprit, dans ce sens, signifie littéralement "souffle". C'est aussi le souffle divin qui donne la vie à Adam, poupée de glaise façonnée par Dieu qui s'ennuyait.
Non seulement, donc, les "imbéciles heureux" sont vaniteux, mais ils justifient leurs prétentions en faisant appel à la Divinité. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Se monter le cou ...ou encore "se hausser du col", c'est aussi faire preuve de prétention ou de vanité, "péter plus haut que son cul", voire "poéter plus haut que son luth" comme disait, sans doute, un poète. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Protectionnisme Lorsque l'on possède quelque chose dont on pense les autres jaloux, on a tendance à pratiquer le protectionnisme, à vouloir le défendre contre le pillage des gens qui ne le mériteraient pas.
Vers 23-24-25, Brassens semble parler de paranoïa qui mène à la protection du territoire contre l'immigration. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Sans aller chercher si loin, ces 3 vers d'une drôlerie dont seul Brassens est capable semblent simplement dénoncer la fierté ridicule dont font preuve ces imbéciles heureux pour des choses insignifiantes et chimériques, en l’occurrence du crottin de cheval de bois. [contact auteur : Fabrice Milovanoff]
Lieu commun Jeu entre la locution "un lieu commun" : une idée très (voire trop) répandue,
et le lieu de naissance (qui n'est donc chez ces gens-là pas commun, mais d'un intérêt exceptionnel). [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Tocsin Les cloches des églises sonnaient autrefois le tocsin ("sonnerie répétée et prolongée", dit le Robert) pour signaler un incendie (c'était avant les sirènes électriques) ou annoncer la guerre, comme l'implique le reste du couplet. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Plus ou moins barbares Ici, Brassens joue certainement sur l'étymologie du mot "barbare", qui signifie "étranger" en grec. Il souligne donc humoristiquement ce pléonasme masqué, puisque de ce point de vue, tout étranger est finalement un barbare, et vice-versa.
Bien entendu, l'acception commune du mot "barbare" est également entendue ; il va de soi que les étrangers ne sont pas forcément cruels... [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément Pour les Grecs de l'antiquité, les barbares sont aussi les personnes qui portent la barbe (ou la moustache).
Il est intéressant de noter que Brassens ayant porté sa luxuriante moustache pendant presque toute sa vie, il pouvait donc être de ces barbares. [contact auteur]
Vous Votre inexistence. Il s'agit de ce "Mon Dieu" que GB invoque au début du couplet. Les preuves de l'existence de Dieu ont été pendant des siècles âpremement disputées par des tas de théologiens et de philosophes, Descartes entre autres. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Nés quelque part Maxime Le Forestier avait, à la fin des années 80 il me semble, fait une réponse à GB dans sa chanson Nés Quelque Part (On choisit pas ses parents - On choisit pas sa famille...) où l'on peut entendre au refrain de magnifiques choeurs sud-africains. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Maxime (bis) Il est d'ailleurs assez paradoxal que Brassens, sa pipe et ses chats, silhouette plutôt casanière, se déclare ici implicitement citoyen "de la terre des hommes", quand Le Forestier, avec son image de hippie voyageur, un peu exotique (San Francisco, Passer Ma Route, Ambalaba, Bille de Verre) réclame le droit d'appartenir à un terroir : Je suis né quelque part, laissez-moi ce repère ou je perds la mémoire [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Maxime Le Forestier Question d'époque, il ne faut pas oublier le contexte, historique et social, de ces deux textes ! D'un côté, un certain nationalisme (Brassens était contre), de l'autre, l'ultra-mondialisation actuelle (on imagine que Maxime n'est pas forcément pour). [contact auteur : Arnaud D.V.] - [compléter cette analyse]
Nuance Je ne suis pas sûr que Brassens fustige ici les "gens du terroir" ou même l'attachement que l'on peut avoir (peut-être que l'on doit avoir) pour ses racines mais plutôt les "imbéciles heureux" qui en font état à tout bout de champ et qui méprisent les racines des autres (cf. premier couplet).
Brassens était discret, aimait la discrétion et aimait avec discrétion. Il écrit la Supplique pour être enterré à la plage de Sète et achète une maison en Bretagne, la Supplique prône le retour aux racines "post-mortem" sans pour autant glorifier Sète, d'ailleurs on n'y parle que de la plage...
Je ne pense pas donc qu'il puisse y avoir contadiction entre ces deux chansons même si GB semble s'en excuser, le moins que l'on puisse dire c'est que la Supplique ne semble pas être l'oeuvre d'un imbécile, fût-il heureux. [contact auteur : Philippe S.] - [compléter cette analyse]
Complément A ce propos, Michel Barlow, dans Chansons Brassens (Profil d'une oeuvre, 1981) :
"Il est une catégorie de bêtise qui sert souvent de cible aux sarcasmes de Brassens, on pourrait l'appeler la bétise géographique. Certes tout homme a ses racines et ne saurait les mépriser. Mais ce qui est grave, c'est de chérir les racines au point d'en oublier les branches, les fleurs ou les fruits ; d'être plus soucieux de ses origines que de sa destination, de se préocuper tant de sa patrie qu'on en oublie d'être soi-même [...]. Tout cela ne serait que ridicule si la bêtise ne s'alliait souvent à l'agressivité. Les querelles de clocher dégénèrent vite en incidents de frontière : et l'on s'étripe héroïquement pour "l'Amour sacré de la partie"..." [contact auteur : Christophe B.]