ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Les amoureux des bancs publics
La cane de Jeanne
Jeanne
Il s'agit de la logeuse de Brassens, impasse Florimont, qui l'a caché, logé et nourri après son évasion du STO pendant la guerre. Elle est "l'hôtesse" de l'Auvergnat. Il lui a consacré une autre chanson, intitulée simplement "Jeanne", dans l'album Les Trompettes de la Renommée.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Scansion magnifique de cette chanson
En effet on a la versification suivante :
3 syllabes
3 syllabes
6 syllabes
7 syllabes
3 syllabes
2 syllabes
Ce qui génère une montée progressive dans l'allongement des vers, puis un retour balancé pour finir en chute brutale sur une rime dissyllabique et qui plus est, masculine.

[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
Comptage des syllabes
En prosodie française, il faut faire la distinction entre rime féminine et rime masculine, ce qui fait que LA CANE n'est pas un trisyllabe, mais un dissyllabe à rime féminine (l'e muet en fin de vers ne compte pas, mais donne la rime féminine).
La structure syllabique est : 2-2-6-6-2-2.
La structure poétique est : AAbCCb (sizain à rythme tripartite ; la majuscule représentant la rime féminine, la minuscule la rime masculine).
Il faut voir qu'Aragon et Apollinaire ont bousculé un peu ces notions classiques. Chez Aragon, la rime "tard" est féminine dite depuis "consonantique" (rime avec "guitare" dans Il n'y a pas d'amour heureux). Brassens reste dans les traditions et utilise cette rime consonantique rarement, par exemple dans Bonhomme : voix de malheur(e) - ce qui est indiqué par le e muet entre parenthèses.

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Scansion
L'analyse précédente est tout à fait juste, mais je faisais ici référence à la musique, c'est pourquoi je ne parlais pas de "pieds", mais de "syllabe". J'aurais donc dû écrire "notes", car on entend bien :
La-ca-neu
De-Jean-neu

[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
Complément
Ce procédé qui convient bien à la chanson permet à chaque fois de gagner une syllabe (ou un pied) sans rajouter de mot. Ainsi la sobriété, la simplicité travaillée à l'extrême donne plus de poids au texte et ralentit le rythme pour donner une pulsation de marche funèbre (ou de marche de canard).
[contact auteur : Michel Lavergne]
La cane
Cette chanson est tirée d'une anecdocte réelle (en tout cas, rapportée par Brassens lui-même). Comme tous étaient très pauvres chez Jeanne, ils avaient obtenu une cane pour la manger. Le problème, c'est que tous aimaient trop les animaux pour pouvoir la tuer ; si bien qu'elle est décédée de sa belle mort !
[contact auteur : Florent N.] - [compléter cette analyse]

Envoyer un message à Florent N.

L'analyse à partir de laquelle est envoyé ce message sera automatiquement rajoutée à la suite du message, il n'est donc pas nécessaire de la recopier.




01La cane
02De Jeanne
03Est morte au gui l'an neuf,
Au gui l'an neuf
à la nouvelle année, où la tradition veut qu'on s'échange un baiser sous un bouquet de gui pour se souhaiter du bonheur
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
04Elle avait fait, la veille,
05Merveille !
06Un oeuf !
 
07La cane
08De Jeanne
09Est morte d'avoir fait,
10Du moins on le présume,
11Un rhume,
12Mauvais !
 
13La cane
14De Jeanne
15Est morte sur son oeuf
16Et dans son beau costume
17De plumes,
18Tout neuf !
 
19La cane
20De Jeanne,
21Ne laissant pas de veuf,
22C'est nous autres qui eûmes
23Les plumes,
24Et l'oeuf !
L'oeuf
Cet oeuf, c'est le symbole de la vie qui se perpétue, des naissances qui remplacent les morts. La vie continue!!!
[contact auteur : Michel Lavergne] - [compléter cette analyse]
 
25Tous, toutes,
26Sans doute,
27Garderont longtemps le
28Souvenir de la cane
29De Jeanne
30Morbleu !
Morbleu
(de "mort de dieu") juron ancien marquant la colère ou l'impatience Larousse
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Complément
La chute de la chanson se fait sur un juron, il exprime la colère, la révolte mais aussi l'impuissance devant la mort.
Comme Le petit cheval de Paul Fort, cette chanson est une allégorie dont le but, caché derrière l'anecdotique, est de nous inviter à réfléchir à la problématique de la mort.

[contact auteur : Michel Lavergne]
Mort bleu
Sans oublier l'allusion au canard (mort) bleu qui aurait occupé une place de choix sur la table du réveillon - au gui l'an neuf !
[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]

Georges Brassens