Pan Pan signifie "tout" en grec.
Pan est au nombre des faunes et des satyres, le dieu secret de la Nature, que Brassens prend ici comme symbole des temps patriarcaux. [contact auteur : Philippe L.] - [compléter cette analyse]
Nietzsche Le philosophe allemand se voulait disciple de Dionysos (un des avatars du dieu Pan) et lorqu'il proclama "Dieu est mort!", il appelait à un retour au paganisme naturel contre le christianisme négateur de la sexualité et donc de la vie.
Dans cette perspective, il n'est pas indifférent de noter que la représentation du diable ("l'ennemi"), chez les Chrétiens, pieds fourchus, queue et cornes de bouc, est exactement celle du Pan de la mythologie qui, en plus, le représente très souvent en érection! [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Complément Le "Dieu est mort!" de Nietzsche, fait vraisemblablement référence à ce qui est décrit plus loin pour le vers 20 ("Venant de l’île de Paxos un autre écho se répandra plus tard: « Le Grand Pan est mort ! »", analyse d'Henri T.) : le récit fait par Plutarque d'une voix qui clame sur la mer "le Grand Pan est mort" fut par la suite interprété comme annonçant la fin du paganisme. Petit robert [contact auteur : Guillaume L.]
Un tas titubant Le singulier pourrait se comprendre mieux : un tas de génies titubant (voir : au nez rouge, à la rouge trogne ou l'oeil en pleurs). Car ce "tas de génies" semble bien être une sorte de "cluster notionnel" sans limites bien définies. Et cela surtout par opposition à l'"alignement" graduel ("s'est mis à frapper") des cieux par la "délimitation" et normalisation. [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément Évitons de plaquer du charabia sur les vres de Brassens ! [contact auteur : Ph L.]
Complément L'origine allemande semble établie. Mais il faut savoir qu'il y a encore environ 2 décennies nos amis teutons déclaraient "er macht Karussell" pour signifier qu'un quidam avait légèrement trop bu.
L'alcool ferait donc tourner la tête comme le ferait aussi un caroussel. [contact auteur : Michel P.]
Noé, Silène "Noé": allusion à la célèbre ivresse du personnage biblique.
"Silène": père nourricier de Dionysos (Bacchus). L'association de la référence biblique et de la référence mythologique annonce l'irruption du Christ tout à la fin d'une chanson intitulée "Le Grand Pan". [contact auteur : Alexandre P.] - [compléter cette analyse]
Complément De plus, Silène est représenté monté sur un âne, toujours ivre, chantant et riant. Petit robert [contact auteur : Guillaume L.]
Complément Notons également que selon l'article de Wikipedia, Pan est souvent confondu avec les satyres, et que "la distinction entre satyres et silènes est difficile, voire impossible, à établir. Il est même probable que les Grecs de l'époque ne faisaient pas de distinction claire entre ces personnages, ou bien que des personnages similaires étaient appelés par un nom ou par l'autre selon les régions." selon Wikipedia.
Silène (le personnage) est une sorte de satyre. [contact auteur : Mateo S.]
J'ai trouvé ! C'est la fameuse exclamation d'Archimède dans son bain, découvrant que "Tout corps plongé dans un liquide etc.", c'est à dire une des premières lois de la physique. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Envoyer un message à Henri T.
Complément Tout corps plongé dans un liquide reçoit une poussée verticale de bas en haut dont l'intensité est égale au poids du volume d'eau déplacé. [contact auteur : Samuel S.]
La bande au professeur Nimbus Telle que la présente GB, cette bande regroupe tous les tenants de la science moderne rationnelle et positive, ceux qui ont relégué les dieux de l'antiquité aux poubelles de l'histoire.
C'est bien là le thème de la chanson : le rationalisme scientifique a supprimé les Dieux, ce qui pour l'athée qu'était Brassens, semblerait plutôt une bonne nouvelle. Hélas, en supprimant les Dieux du vin, de l'amour et de la mort, on a supprimé la poésie, qui était la présence du divin dans le quotidien. C'est le vieux débat entre poètes et scientifiques. [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Professeur Nimbus et Socrate Je ne peux m'empêcher de voir ici une référence à Socrate, spécialiste de météorologie dans les Nuées d'Aristophane, et largement décrié par Nietzsche pour son soi-disant rôle dans le déclin des idéaux païens. [contact auteur : Elsa B.] - [compléter cette analyse]
Professeur Nimbus Créé en 1934 par André Delachenal (pseudonyme : André Daix), le personnage du Professeur Nimbus – qui personnifie le savant fou, un peu comme le professeur Tournesol de Hergé – va paraître pendant plus de 50 ans, en 13111 strips (un gag en 2 ou 3 cases) dans divers journaux, sous diverses plumes dont celle de Rob Vel, futur créateur de Spirou. Mais toujours sous une même signature : J. Darthel.
Aujourd'hui, ses gags (assez médiocres, il faut l'avouer) reparaissent encore quotidiennement dans le grand journal populaire belge "La Meuse". [contact auteur : Jean-Marie D.] - [compléter cette analyse]
Frapper d'alignement "Alignement" dans le sens "Détermination, par l'autorité administrative, des limites d'une voie publique ; servitude qui en résulte pour les riverains" Petit Larousse. Les rationalistes demandent aux dieux de se ranger tous derrière la même ligne. [contact auteur : Alexandre P.] - [compléter cette analyse]
Frapper les cieux d'alignement Propos désopilant de G.B : comparer le domaine céleste à un vulgaire plan cadastral ! (qui aboutirait de surcroît, par autorité administrative, à chasser les dieux du firmament comme de simples contribuables expulsés de leur domicile), Ironie suprême introduisant le thème de la chanson. [contact auteur] - [compléter cette analyse]
Le Grand Pan est mort Venant de l’île de Paxos un autre écho se répandra plus tard: « Le Grand Pan est mort ! » Le seul dieu d’occident qui, avec Dionysos (Bacchus), savait danser, le grand révolté qui fait peur aux modernes, Pan est mort et le monde s’effondre... La technocratie a violé la Nature. Et l’Occident est tombé comme un soleil qui se couche. Le Grand Pan est-il mort ? Où sont passées les nymphes ? Rumeurs et lamentations... Mais le grand païen velu, maître des montagnes, peut montrer qu’il est encore vivant.
(Trouvé sur blockaus.editions.free.fr/Giraud.htm) [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Rabelais, encore Dans le quart livre, Panurge raconte au roi une histoire sur le trépas des héros des Macraeons. En débarquant, des hommes ouirent une voix qui disait que le grand Dieu Pan était mort. [contact auteur : Fire F.] - [compléter cette analyse]
Apollinaire On connaît l'affection que portait Brassens aux poètes, et à Apollinaire en particulier. Cette chanson fait probablement référence à La Chanson du Mal-Aimé, tirée du recueil Alcools, dans laquelle le poète regrette la mort du Grand Pan (ainsi que celles de Mars, Vénus et Jésus-Christ), synonyme de la perte de son amour et de sa jeunesse. Autant de thèmes traités par GB dans cette chanson. [contact auteur : Thomas D.] - [compléter cette analyse]
Champs Elysées Rien à voir avec la "plus belle avenue du monde"... Dans ce texte, quasi toutes les références et allusions sont de nature mythologique. [contact auteur : Alexandre P.] - [compléter cette analyse]
Champs Elysées Pour détailler un peu, les Champs Elysées étaient dans l'Enfer grec le lieu où venaient les morts jugés "bons", c'était en quelque sorte l'équivalent du Paradis chrétien.
L'Enfer comptait également l'"enfer des méchants" (équivalent de l'Enfer chrétien) et le Tartare (où étaient suppliciés les sacrilèges). [contact auteur : Gaël R.] - [compléter cette analyse]
Lustre Sauf l'éclat brillant, dans l'antiquité, le lustre était un sacrifice expiatoire ayant lieu tous les cinq ans. Même si ce n'est pas le premier sens ici, Brassens semble bien faire ou mieux permettre l'allusion à cette "purification générale". [contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Céleste empire ? La périphrase "céleste empire" suggère un au-delà situé dans le ciel, et non dans le sous-sol des Enfers évoqué ensuite par la barque de Caron. Qu'on y voie une allusion au Paradis chrétien, à l'Olympe protégée par les nuages ou une simple notation poétique, le fait est que la mythologie ici évoquée est le produit d'un syncrétisme culturel, d'où les imprécisions quant aux emprunts tantôt grecs tantôt latins et le deus ex machina final. [contact auteur : Mathieu Rasoli] - [compléter cette analyse]
Nocher Oui, Charon était le nocher, c'est à dire le batelier, le passeur qui faisait traverser aux âmes le Styx, ce fleuve qui entourait les Enfers (au pluriel, c'est à dire l'autre monde, où l'on recevait récompense ou punition). [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Pluton ou Hadès S'il a utilisé le nom latin Pluton, c'est sans doute pour la rime immédiate avec Charon (Hadès étant le nom grec initial). Il était le 3me frère à qui l'on avait attribué le monde souterrain. Son épouse est Perséphone fille de Déméter. [contact auteur : Malika B] - [compléter cette analyse]
Complément Même si Charon est à l'origine un personnage grec, il n'appartient pas uniquement à la mythologie grecque. Ainsi chez Virgile, dans sa description des Enfers, trouve-t-on : Portitor has horrendus aquas et flumina seruat [...] Charon Un portier effrayant surveille ces eaux et ces fleuves [...] Charon Enéide, VI, 298-299 [contact auteur : Laurent L.]
Paganisme et monothéisme Je vois là davantage une allusion aux suppôts des religions monothéistes qu'aux adeptes du scientisme. En effet, cette bande "qui s'est mis à frapper les cieux d'alignement / Chasser les dieux du firmament" a fini par dénier toute existence aux anciens dieux païens.
Toute la chanson est une longue plainte de GB qui déplore la disparition de nos croyances des "bons" dieux d'antan, Caron compris. [contact auteur : Michel P.] - [compléter cette analyse]
Vie et mort du Grand Pan Pan !
Dieu des cultes pastoraux, d’apparence à moitié humaine, à moitié animale; barbu, cornu, velu, vif, agile, rapide et dissimulé : il exprime la ruse bestiale. Il est à l’affût des nymphes et des jeunes garçons, qu’il assaille sans égards ; mais sa faim sexuelle est insatiable et il pratique aussi la masturbation solitaire. Son nom, Pan, qui signifie tout, lui fut donné par les dieux, non seulement parce que tous lui ressemblent dans une certaine mesure par leur avidité ; mais aussi parce qu’il incarne une tendance propre à l’univers. Il serait le dieu du Tout, indiquant sans doute l’énergie génésique de ce Tout, ou le tout de Dieu, ou le Tout de la vie.
Il a donné son nom au mot panique, cette terreur qui se répand dans toute la nature et dans tout l’être, au sentiment de la présence de ce dieu qui trouble l’esprit et affole les sens.
Dépouillé de cette sensualité primaire irrépressible, il personnifiera plus tard le Grand Tout, le tout d’un certain être. Des philosophes néo-platoniciens et chrétiens feront de lui la synthèse du paganisme. Plutarque rapporte une légende : des voix mystérieuses, entendues par un navigateur, annonçaient en pleine mer : la mort du Grand Pan. C'était sans doute la mort des dieux païens, résumés dans sa personne, que les plaintes de la mer faisaient présager, à l’avènement de l’ère nouvelle, et qui glaçait d’épouvante le monde gréco-romain.
L’expression Pan, le Grand Pan est mort est passé dans la langue pour signifier la fin d’une société. Les ombres des héros se lamentent et les enfers frémissent. Pan est mort ; la société tombe en dissolution. Le riche se clôt dans son égoïsme et cache à la clarté du jour le fruit de sa corruption ; le serviteur improbe et lâche conspire contre le maître ; l’homme de loi, doutant de la justice, n’en comprend plus les maximes ; le prêtre n’opère plus de conversions, il se fait séducteur ; le prince a pris pour sceptre la clef d’or, et le peuple, l’âme désespérée, l’intelligence assombrie, médite et se tait. Pan est mort, la société est arrivée au bas. (Proudhon). La mort de Pan symbolise la fin des institutions. Curieuse évolution d’un symbole qui passe du débridement sexuel à un ordre social, dont la disparition entrevue plonge dans le désespoir, parce qu’il a perdu son énergie vitale. Article Pan, Dictionnaire des Symboles, éditions Robert Laffont, 1982 [contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]