ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Chanson pour l'auvergnat
Gastibelza, l'homme à la carabine
Gastibelza
Gastibelza est tiré de "Guitare" pièce XXII du recueil "Les rayons et les ombres" (1837)
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Gastibelza
Ce nom pourrait bien être composé de deux mots basques, «gazte» qui signifie «le jeune homme» et «belz» qui signifie «noir». Voilà qui renverrait un lecteur de Hugo à son seul héros noir, l'esclave Pierrot, alias Bug-Jargal, et à l'amour malheureux de ce personnage pour la fille de son maître, fiancée à Léopold d'Auverney.
Groupe Hugo groupugo.div.jussieu.fr/

[contact auteur : Annick W.] - [compléter cette analyse]
01Gastibelza, l'homme à la carabine,
02Chantait ainsi :
03« Quelqu'un a-t-il connu Doña Sabine ?
04Quelqu'un d'ici ?
05Chantez, dansez, villageois ! La nuit gagne
06Le mont Falu...
Mont Falu
Il y a bien un sommet appelé 'Capu Falu' en Corse, mais c'est un peu loin de l'Espagne...
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07Le vent qui vient à travers la montagne
08Me rendra fou.
 
09« Quelqu'un de vous a-t-il connu Sabine,
10Ma señora ?
11Sa mère était la vieille maugrabine
Maugrabine
Elle serait d'origine maure (c'est-à-dire maghrébine)
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12D'Antequera,
Antequera
Ville de la province de Malaga en Andalousie
[contact auteur : Annick W.] - [compléter cette analyse]
13Qui chaque nuit criait dans la Tour Magne
Tour Magne
Grande Tour. Il y en a une à Nîmes (tour de guet datant de l'époque romaine).
[contact auteur : Annick W.] - [compléter cette analyse]
D'Hugo aussi, et sûrement connu de GB
Gal, amant de la Reine, alla, tour magnanime,
Galamment, de l'arène à la tour Magne, à Nîmes

[contact auteur : Philippe D.] - [compléter cette analyse]
14Comme un hibou...
15Le vent qui vient à travers la montagne
16Me rendra fou.
 
17« Vraiment, la reine eût près d'elle été laide
18Quand, vers le soir,
19Elle passait sur le pont de Tolède
20En corset noir.
21Un chapelet du temps de Charlemagne
22Ornait son cou...
23Le vent qui vient à travers la montagne
24Me rendra fou.
 
25« Le roi disait, en la voyant si belle,
26À son neveu :
27"Pour un baiser, pour un sourire d'elle,
28Pour un cheveu,
29Infant Don Ruy, je donnerai l'Espagne
30Et le Pérou !"
31Le vent qui vient à travers la montagne
32Me rendra fou.
 
33« Je ne sais pas si j'aimais cette dame,
34Mais je sais bien
35Que, pour avoir un regard de son âme,
36Moi, pauvre chien,
37J'aurai gaiement passé dix ans au bagne
38Sous les verrous...
Version Victor Hugo
Dans la version d'origine de Victor Hugo : Sous le verrou
[contact auteur : Alexandre R.] - [compléter cette analyse]
39Le vent qui vient à travers la montagne
40Me rendra fou.
 
41« Quand je voyais cette enfant, moi le pâtre
Cette enfant
La strophe précédente chez Hugo (supprimée par Brassens) laisserait à penser que "cette enfant" n'est peut-être pas Sabine mais sa soeur:
Un jour d'été que tout était lumière,
Vie et douceur,
Elle s'en vint jouer dans la rivière
Avec sa soeur,
Je vis le pied de sa jeune compagne
Et son genou ... -
Le vent qui vient à travers la montagne
Me rendra fou.

[contact auteur : Didier Bergeret] - [compléter cette analyse]
42De ce canton,
43Je croyais voir la belle Cléopâtre,
44Qui, nous dit-on,
45Menait César, Empereur d'Allemagne,
César
Cléopâtre, reine d'Egypte, fut la maîtresse de Jules César et, à la mort de celui-ci, épousa Antoine, concurrent d'Octave à la succession de César. César ne fut jamais Empereur d'Allemagne pour la simple raison que l'Allemagne n'existait pas encore à son époque (mais il est vrai qu'il soumit un nombre important de tribus germaniques). Il est vrai aussi que l'empereur d'Allemagne, de 1870 à 1918, a porté le nom de César (Kaiser en allemand). L'anachronisme, voulu par Hugo, est typique des chansons populaires de l'époque.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Allemagne
Je veux penser qu'il n'y a pas d'anachronisme... pourvu qu'on y ajoute un peu d'imagination : l'empire romain devint deux empires, dont celui de l'Ouest fut revitalisé par Charlemagne ; et cet empire, plus tard, était connu comme le Saint Empire Romain Germanique...
[contact auteur : Jose Fernando Blanco] - [compléter cette analyse]
46Par le licou...
Licou
Ou licol (de "lier" et de "col" = cou), c'est la bride qu'on passe au cou du cheval pour le mener. Il faut donc entendre ici qu'elle le menait "par le bout du nez", où elle voulait.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
47Le vent qui vient à travers la montagne
48Me rendra fou.
 
49« Dansez, chantez, villageois, la nuit tombe
50Sabine, un jour,
51A tout vendu, sa beauté de colombe,
52Tout son amour,
53Pour l'anneau d'or du comte de Saldagne,
Saldagne
Mon atlas ne me dit rien de la Saldagne (ça pourrait être la Sardaigne, et il y a un duc de Saldanha portugais au XIXe), ni d'ailleurs du Mont Falu du premier couplet.
De toute évidence, c'est un poème qui accumule les détails pour "faire espagnol" (Doña Sabine, Tolède, Infant Don Ruy...). On sait aussi que Hugo, en peine de rime, inventait carrément des noms ("Tout reposait dans Ur et dans Jérimadeth").

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Saldagne
Peut-être est-ce la Cerdagne (région frontalière située dans les Pyrénées). V.Hugo cite cette région dans la strophe suivante (que Brassens a laissé tomber) :

Avec ce comte elle s'est donc enfuie !
Enfuie, hélas !
Par le chemin qui va vers la Cerdagne,
Je ne sais où ...


(mais Gastibelza étant devenu fou à ce point du récit, il peut très bien se tromper)

[contact auteur : Annick W.] - [compléter cette analyse]
Mon avis
Si Cerdagne est cité dans le couplet suivant, cela signifie que Saldagne désigne une autre endroit. Je ne pense pas que la folie de Gastibelza soit de nature à lui faire fourcher la langue. Son énoncé semble par ailleurs précis. Pas de mots utilisés mal à propos, etc. J'opte pour l'hypothèse du besoin de rimes en "agne".
[contact auteur : Vincent Barbier] - [compléter cette analyse]
Saldagne
Saldagne et sans doute Saldaña, une population de la province de Palencia (Castille-Léon). Les comtes de Saldaña étaient très puissants aux siècles XI-XV.
Pour ce que j'ai lu, le nom de Saldaña n'à l'air d'avoir aucune liaison à celui de Cerdanya (Cerdagne), mais qui le sait ?

[contact auteur : Jose Fernando Blanco] - [compléter cette analyse]
Saldagne
« Il faudrait de toute façon approfondir certaines recherches. Par exemple, la référence au comte de Saldagne peut revêtir une coloration autobiographique. Ce comté en effet appartient au duc de l'Infantado. Or, d'après le dictionnaire du XIX° siècle de Pierre Larousse, le plus célèbre des comtes de Saldagne a séjourné à Bayonne en 1808 et a ensuite servi le roi Joseph comme colonel avant de se retourner contre lui. Hugo séjourna à Bayonne en 1811. On sait par ailleurs que son père a servi lui aussi le roi Joseph. De tels échos biographiques ne sont peut-être pas insignifiants. »
groupugo.div.jussieu.fr

[contact auteur : Jean-Marie D.] - [compléter cette analyse]
Comte de Saldagne
Tel est le titre d'une pièce de théâtre de Don Alvaro Cubillo de Aragon né à Grenade au début du XVIIe siècle, pièce de théâtre empruntée aux vieilles ballades (après Lope de Vega), traitant des aventures de Bernard de Carpio.
Quant au poème de V. Hugo, il peut être intéressant de savoir que ce poème avait déjà été mis en musique par Hippolyte Monpou sous le titre "Gastibelza, le Fou de Tolède", et le Grand Dictionnaire Universel (GDU) de 1876 ajoute que ce poème avait été "chanté par Roger dans tous les salons et concerts de Paris. L'oeuvre eut un succès fou qui ne s'est point encore démenti. Si les vers de Victor Hugo ont un peu vieilli, le chant a gardé toute sa fierté, sa hardiesse et sa nouveauté, et fait date dans l'histoire de la romance française." (constatation faite vers 1876 !!!)
Le GDU donne d'ailleurs la partition de cette autre composition, mais il m'est impossible de la reproduire ici.

[contact auteur : Ralf Tauchmann] - [compléter cette analyse]
Complément
Sous le titre d'une de ses chansons composée vers 1845, le chansonnier breton Prosper Proux (1811-1875) a indiqué "sur l'air de Gastibelza".
Cet air était donc assez populaire pour être connu de ceux qui achetaient des chansons sur feuilles volantes sur les marchés.

[contact auteur : Jean-françois Burlot]
Complément
Ce poème a également été mis en musique par Franz Liszt, avec, en plus du texte français, une traduction allemande de Theobald Rehbaum :
Gastibelza, der greise, kühne Jäger.

[contact auteur : Jean-françois Burlot]
54Pour un bijou...
55Le vent qui vient à travers la montagne
56M'a rendu fou.

Victor Hugo