ANALYSE BRASSENS présente un site ami :
Partir un an : les aventures dessinéssinées de Chérie et Chéri
Georges Brassens, Le pornographe
Les funérailles d'antan
"comme un clin d'oeil au chagrin..."
En traitant, avec une certaine désinvolture, le sujet douloureux du deuil, Brassens semble exorciser la crainte de la mort. La mélodie est en parfaite contradiction avec la délicatesse du sujet. Il adopte le même ton badin que celui du « testament ». Un exercice de style réussi qui nous entraîne à la fredonner avec des « pom, pom, pom, pom » enjoués !
[contact auteur : Thierry D] - [compléter cette analyse]
01Jadis, les parents des morts vous mettaient dans le bain,
Mettre dans le bain
Sorte de confidence, de formation ou d'initiation.
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
02De bonne grâce ils en f'saient profiter les copains
03"Y' a un mort à la maison, si le coeur vous en dit,
04Venez l' pleurer avec nous sur le coup de midi ... "
05Mais les vivants aujourd'hui n' sont plus si généreux,
06Quand ils possèdent un mort ils le gardent pour eux.
07C'est la raison pour laquelle, depuis quelques années,
08Des tas d'enterrements vous passent sous le nez
09Des tas d'enterrements vous passent sous le nez.
Sous le nez
Rater, manquer.
Ex : le bus m'est passé sous le nez = je l'ai raté

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
 
10Mais où sont les funéraill's d'antan ?
11Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
12De nos grands-pères,
De nos grand-pères
On se demande si c'est du temps où le grand-père suivait le corbillard ou du temps où il était dedans !
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
13Qui suivaient la route en cahotant,
14Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
Macchabée
Dans l'argot des carabins (étudiants en médecine), un macchabée est un cadavre, entre autres celui sur lequel on travaille dans la salle de dissection.
Les frères Macchabées sont des héros bibliques "dont le culte était rattaché à celui des morts" (Larousse Étymologique).
Le mot semble être cousin germain de l'adjectif "macabre" (La Danse de Macabré, XVème siècle --> la danse macabre).

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
15Ronds et prospères...
16Quand les héritiers étaient contents,
17Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
Croque-mort
On raconte qu'avant que le permis d'inhumer (signé par le médecin) soit rendu obligatoire, l'employé des Pompes Funèbres, ou celui qui en tenait lieu, mordait très fort un doigt du mort pour s'assurer qu'il n'était pas simplement endormi. D'où ce surnom de croque-mort.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
18Ils payaient un verre.
19Elles sont révolues,
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20Elles ont fait leur temps,
21Les belles pom, pom, pom, pompes funèbres,
Pom pom pom pom
à le lire, ce "pom pom pom" n'est pas sans rappeler la Marche Funèbre de Chopin (Sonate Op. 35 en Sibm, 3me mouvement), qui est communément évoquée par les mêmes syllabes (mais sur un autre air) ; l'allusion trouve bien sa place dans la chanson
[contact auteur] - [compléter cette analyse]
Pom, pom, pom
Assonnance cocasse qui sonne plutôt d'une façon légère et rigolote et qui est en parfait décalage avec l'expression "pompes funèbres". On est bien dans l'esprit de la chanson.
[contact auteur : Jonathan B.] - [compléter cette analyse]
22On ne les r'verra plus,
23Et c'est bien attristant,
24Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.
 
25Maintenant, les corbillards à tombeau grand ouvert
26Emportent les trépassés jusqu'au Diable Vauvert,
Au diable Vauvert
On entend parfois "au diable vert". Aujourd'hui on dit "à dache" (Dachau?) ou "à Pétaouchnok " dont la consonnance évoque la lointaine Sibérie. Rabelais parle du "diable de Vauvert". Le château de Vauvert, célèbre au Moyen Âge pour le sanctuaire de la Vierge qui était tout près, se trouve dans la région de Nîmes, ce qui, pour les Parisiens, était à l'époque aussi loin que pour nous la Sibérie.
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Diable Vauvert
L'origine de cette expression est certainement une diablerie, car les gens de Vauvert (dans le Gard) reconnaissent eux-mêmes, je cite : "Il s’agit vraisemblablement d’une récupération « vauverdoise gardoise », d’une ancienne légende de la région de Meudon."
[contact auteur : Etienne F.] - [compléter cette analyse]
27Les malheureux n'ont mêm' plus le plaisir enfantin
28D' voir leurs héritiers marrons marcher dans le crottin.
Marrons
Les héritiers sont marrons si l'héritage leur est "passé sous le nez". Leur déconvenue augmente si, en plus, ils sont obligés de marcher dans le crottin (souvent de couleur similaire).
[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
29L'autre semain' des salauds, à cent quarante à l'heur',
De salauds
Ce sont des salauds parce qu'ils négligent l'évènement et la manière.
[contact auteur : Samuel S.] - [compléter cette analyse]
30Vers un cimetière minable emportaient un des leurs...
31Quand, sur un arbre en bois dur, ils se sont aplatis
32On s'aperçut qu' le mort avait fait des petits
33On s'aperçut qu' le mort avait fait des petits.
Faire des petits
C'est ici se retrouver en morceaux.
Gag sur le double sens, dans la mesure où les morts n'ont plus guère l'occasion de faire des enfants.

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Fait des petits
Les "petits" du mort sont en fait les passagers de la voiture qui sont donc morts à leur tour, d'où cette expression noirement drôle.
[contact auteur : Jonathan B.] - [compléter cette analyse]
Complément
L'expression "fait des petits" est aussi rattachée au fait que la mort de l'un des occupants de la voiture se soit produite près d'un cimetière, comme si la mort se répandait.
[contact auteur : Boris Piotrowski]
 
34Mais où sont les funéraill's d'antan ?
35Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
36De nos grands-pères,
37Qui suivaient la route en cahotant,
38Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
39Ronds et prospères...
40Quand les héritiers étaient contents,
41Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
42Ils payaient un verre.
43Elles sont révolues,
44Elles ont fait leur temps,
45Les belles pom, pom, pom, pompes funèbres,
46On ne les r'verra plus,
47Et c'est bien attristant,
48Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.
 
49Plutôt qu' d'avoir des obsèqu's manquant de fioritures,
50J'aim'rais mieux, tout compte fait, m' passer de sépulture,
51J'aim'rais mieux mourir dans l'eau, dans le feu, n'importe où,
52Et même, à la grand' rigueur, ne pas mourir du tout.
53Ô, que renaisse le temps des morts bouffis d'orgueil,
54L'époque des m'as-tu-vu-dans-mon-joli-cercueil,
55Où, quitte à tout dépenser jusqu'au dernier écu,
56Les gens avaient à coeur d' mourir plus haut qu' leur cul
Mourir plus haut que leur cul
Référence à l'expression "péter plus haut que son cul", qui signifie avoir un comportement prétentieux.
Il en existe une variante lyrique : Poèter plus haut que son luth

[contact auteur : Henri T.] - [compléter cette analyse]
Le cul, le luth, le trou...
Au Québec, les gens disent plus familièrement «péter plus haut qu'le trou»
[contact auteur : François P.] - [compléter cette analyse]
57Les gens avaient à coeur de mourir plus haut que leur cul.
 
58Mais où sont les funéraill's d'antan ?
59Les petits corbillards, corbillards, corbillards, corbillards
60De nos grands-pères,
61Qui suivaient la route en cahotant,
62Les petits macchabées, macchabées, macchabées, macchabées
63Ronds et prospères...
64Quand les héritiers étaient contents,
65Au fossoyeur, au croque-mort, au curé, aux chevaux même,
66Ils payaient un verre.
67Elles sont révolues,
68Elles ont fait leur temps,
69Les belles pom, pom, pom, pompes funèbres,
70On ne les r'verra plus,
71Et c'est bien attristant,
72Les belles pompes funèbres de nos vingt ans.

Georges Brassens